Saint-Hubert en 1900

Saint-Hubert en 1900



Cette série de photographies a tout d'abord fait l'objet d'une publication sur ma page Facebook et ensuite dans le Bulletin semestriel 02-2022 - Numéro 20 de Saint-Hubert d'Ardenne, société royale d'histoire, d'archéologie et de sauvegarde du patrimoine hubertin

Au sommaire de ce numéro 20 :

Richard Jusseret, Éditorial 
Depuis son assemblée générale ordinaire du 21 mai dernier, notre société a modifié ses statuts afin de les mettre en conformité avec le nouveau code des sociétés et a changé sa dénomination. Dorénavant, « Saint-Hubert d’Ardenne » sera l’abrégé de Société royale d’histoire, d’art, d’archéologie et de sauvegarde du patrimoine.


Léon Jacques & Benoît Strepenne, Saint-Hubert, été 1900 
Saint-Hubert d'Ardenne a le plaisir de vous présenter une série exceptionnelle de 17 photos provenant de la collection de Léon Jacques. Collectionneur passionné de documents relatifs à Saint-Hubert, il les rend accessibles à tous sur son site www.sainthubert.be. Les photos que vous découvrirez dans ces pages ont également fait l'objet de publications sur Facebook. Elles ont suscité un très grand intérêt et de nombreux commentaires. Nous résumerons les principaux.


Benoît Strepenne, Saint-Hubert et la route (1835-1875) : naissance du réseau moderne
La France défaite en 1815, le régime hollandais qui lui succède lance un vaste programme de développement routier que les autorités belges poursuivront et amplifieront après 1830. Ils poseront les bases de notre réseau routier actuel. Nous nous intéresserons dans cet article aux routes nouvelles desservant Saint-Hubert, présentées comme construites, en cours de construction ou en projet sur la carte établie vers 1840 par l'Établissement géographique de Bruxelles de Philippe Vandermaelen.

Benoît Strepenne, Le ‘dégagement’ de la basilique de Saint-Hubert (1933-1941)
Lorsqu’il fait abattre la vieille bâtisse quelque peu branlante située à l’angle des places du Marché et de l’Abbaye qui abrite sa boulangerie-pâtisserie, Constant Chalon n’imagine pas qu’il initie bien malgré lui le réalignement des façades sud de la place de l’Abbaye ou, ainsi qu’on présentera le projet dans la presse de l'époque, le « dégagement de la basilique », une opération déjà souhaitée près de deux siècles auparavant par l’abbé Célestin de Jong.


Guido Hossey, La lèpre et la malad(re)rie à Saint-Hubert 
La lèpre est une ancienne pandémie mortelle répandue dans le monde entier et, bien sûr, en Europe. Ladre est le terme ancien pour désigner un lépreux. Logiquement leur lieu de vie, hors du bourg, s’appelle maladrerie ou ladrerie. Il m’a paru évident de traiter son impact et d’évoquer ses vestiges archéologiques (très rares) et toponymiques (très nombreux) souvent méconnus, particulièrement à Saint-Hubert, bourg abbatial, inséré dans le contexte de la Grande Région.


Michèle Lenoble-Pinson, Termes de chasse et langue courante | Chronique de langue
Poil et plume, au plaisir des mots – Introduction 

« Il se trouve par bonheur que le langage de la chasse abonde en mots et en expressions pour le moins curieux, pittoresques, voire folkloriques ou même farfelus. Mieux : parfois à double ou à triple sens. Mieux encore : dont beaucoup sont passés dans le langage courant, tant il est vrai que bien des choses de la vie ressemblent à celles de la chasse. Et réciproquement. » (Fernand DU BOISROUVRAY, La chasse en questions, Paris, Gerfaut Club, 1985, p. 5.)
Michèle Lenoble-Pinson, Termes de chasse et langue courante | Chronique de langue
Poil et plume, au plaisir des mots – Numéro 1 

Place du Fays



Passant devant la gendarmerie, la rue de la Converserie — maillon d'une route
nouvelle, construite par l'État et ouverte à la circulation le 1er septembre 1837
— part vers la Barrière de Champlon. Elle coupe l'ancien parc abbatial dont
la partie nord, isolée par cette nouvelle voirie, fut achetée par un grognard français du nom de Grignard, qui y construisit sa « ferme ». Le lieu fut connu sous l'appellation Parc Grignard jusqu'aux années 1970.

Rue du Thiers

Avant 1837, la rue du Thiers, sortie nord-est de Saint-Hubert en direction
de Laroche, Vielsalm, Stavelot et Cologne, était aussi importante que la sortie
sud par la rue du Mont, vers Bouillon et Sedan, mais aussi Arlon et Luxembourg.
L'itinéraire vers Laroche se prolongeait par l'actuelle rue des Bois. Cette artère
très pentue n'a été dédoublée par la rue des Gueux ou Fosse du Loup que très
tard, vraisemblablement après le sac de la ville et de l'abbaye par les Huguenots qui auraient ouvert ce chemin avec leur artillerie et leur très lourd charroi. Elle longeait la limite nord du parc abbatial.

Rue du Mont

Rue du Mont

Autant le lieu qui apparaît sur la photo de gauche est facilement identifiable, autant celle-ci défie la sagacité de celui qui la découvre. Et pourtant, en regardant bien, on reconnaît le groupe de maisons construites au carrefour des rues du Mont et du Chenêt et on devine — plus qu'on ne la voit — la chapelle Saint-Roch dans le bouquet d'arbres sur la crête.

Place de l'Abbaye

De gauche à droite, le pignon de l'hôtel Petit, baptisé un temps Hôtel du Chemin
de Fer et de l'Aviation avant de devenir plus sagement l'Hôtel de l'Abbaye, et l'aile ouest du quartier abbatial. Remarquez entre les deux le mur qui borde la place et enclôt le jardin du directeur du Pénitencier

Place de l'Abbaye

L'inévitable vue de la façade de l'abbatiale. Remarquez sur la droite les maisons
qui referment assez fortement la place. Elles seront abattues entre 1933 et 1941.
La porte cochère porte l'inscription Distillerie de liqueurs, E. Daniel. Les tentes installées à proximité de l'entrée de l'église abritent les vendeuses de béatilles qui, fidèlement, occupèrent l'endroit jusqu'à la fin des années 1960.

Place de l'Abbaye et place du Marché

De gauche à droite, composant la rangée d'immeubles visibles en bordure de la
place du Marché :
- un premier commerce à l'enseigne illisible, propriété en 1912 de Victoire
Dehanne (1837-1922), veuve de Charles Bockholtz (1830-1903), tanneur
et négociant. Il aurait abrité la distillerie de leur fils Henri (1862). Il deviendra le magasin Delaisse, puis le Shoe Post et héberge aujourd'hui l'Office
du Tourisme.
- le Café Marischal, propriété de Cyrille Marischal, qui, comme indiqué sur
la façade, était également une épicerie et vendait aunages, mercerie, chapeaux
et casquettes. Le magasin sera repris en 1920 par les associés Vieslet
et Destrée. Vendu en 1926 aux socialistes de Saint-Hubert, il hébergera
la Maison du Peuple locale. Depuis 2012, il abrite une pizzeria.
- un magasin à l'enseigne A. Petit, actuellement à usage de restaurant ;
- l'hôtel Petit, aujourd'hui en attente d'une nouvelle affectation

Place du Marché



Cette vue du haut du Marché permet de découvrir des façades disparues,
à commencer, sur la droite, par celle du (Grand) Café Universel, propriété
en 1900 de Constant Félix (1861-1918), peintre en bâtiments, et son épouse
Hermance Nemry (1864-1939). Le bâtiment fut rasé en 1963 et une agence
du Crédit Communal (Belfius) fut construite sur son emplacement. Observez
également les cinq bâtiments qui suivent en montant vers l'hôtel de ville : ils ont été détruits par le grand incendie du 5 février 1933.





Hôtel de ville et monument Redouté

On découvre ici, bien qu'il soit quelque peu caché par le monument Redouté,
l'escalier monumental qui, à l'origine, donnait accès à l'hôtel de ville dont
la première pierre fut posée le 16 août 1864. Il fut remplacé en 1926 par l'escalier à double volée actuel.
Le 27 juillet 1845, le Conseil communal de Saint-Hubert décide de faire ériger
une fontaine afin de « perpétuer la mémoire d'un de nos compatriotes dont
la réputation est européenne. » Le monument, construit selon les plans de l'architecte bruxellois Dumont, fut réceptionné le 28 septembre 1860.

Place du Marché


À nouveau, cette photo nous permet de découvrir des façades et des alignements de toitures disparus et qui, de surcroît, ne sont connus par aucun autre document. Le café visible derrière les personnages appartient en 1912 à Louis Lothaire (« Zoulou ») et deviendra le Café de la Jeunesse, aujourd'hui le Rimbaud


Église Saint-Gilles et avenue Nestor Martin


Au chevet de Saint-Gilles, la fontaine du carrefour alimente encore deux
bacs-abreuvoirs en pierre. Ils seront remplacés en 1902 par le bac hexagonal
en fonte qui est toujours en place aujourd’hui et qui se trouvait auparavant plus haut dans la rue.
Le bâtiment sombre sur la droite à l’emplacement de l’actuelle place des
Bouchers est l’ancien abattoir communal, remplacé vers 1955 par le bâtiment
de la route de Poix. Le directeur vétérinaire était le docteur Collard et le préposé : Lucien Schiltz qui avait succédé à Marie Pècheur (Marie de l'abattoir).



Rue Saint-Gilles

De gauche à droite :
la maison qui hébergea l'étude du notaire Dassonville avant qu'il ne construise à la rue Redouté. Elle fut le logement du Capitaine José Orta (l'avionneur, 1884-1950), puis du « garde général » (phonétiquement « Degrox »). Elle abrita la COOP ou coopérative socialiste qui en a complètement transformé le rez-de-chaussée, avant d'accueillir l'ancien magasin de chaussures Simon. Les deux premières travées ont hébergé un temps la boutique Geoffrey.
le bâtiment qui deviendra l'Hôtel de la Poste. Il connaîtra un grave incendie
provoqué par la foudre dans les années soixante ;
l'arvô donnant accès à la ruelle de Chermont ;
le bourrelier, dont la maison accueillera le magasin de Marie-Louise Solo,
repris par les Bourdon. Il sera par la suite englobée dans le magasin Isoard.

Le jardin Dassonville


La maison Dassonville, vue depuis le jardin. Ses occupants jouissaient également d'un parc situé de l'autre côté de la rue de la Teinture, là où se trouve actuellement le funérarium Moiny.

Place de la Libération et rue de la Fontaine

Bordant le côté droit de la rue, les écuries abbatiales, dont Nicolas-Dominique
Spirlet avait fait un haras de premier ordre, ont été transformées en habitations pour le personnel du Pénitencier. Remarquez à leur extrémité une des tours du mur d'enceinte de l'abbaye. Ces bâtiments ont été remplacés par les actuels peu de temps avant le début de la guerre de 1914-1918

Rue Saint-Michel et Vieille rue de Marche

Vue arrière, avant l'arrivée du tram au Fays en 1924. Aujourd'hui la prairie est le dépôt du TEC et le parking du Carrefour Market. Sur le bord gauche de la
photo, peut-être l'angle d'un bâtiment d'une des tanneries qui étaient implantées dans ce secteur. Nouvelle appellation officielle du lieu, codifiée au Registre
National : Pré des Moines. Ces prés appartenaient à l'abbaye qui aurait autorisé les riverains à y faire paître leurs maigres troupeaux

Place de l'Abbaye


L'inévitable vue de la façade de l'abbatiale. Remarquez sur la droite les maisons qui referment assez fortement la place. Elles seront abattues entre 1933 et 1941.
La porte cochère porte l'inscription Distillerie de liqueurs, E. Daniel. Les tentes installées à proximité de l'entrée de l'église abritent les vendeuses de béatilles qui, fidèlement, occupèrent l'endroit jusqu'à la fin des années 1960.

Rue Saint-Gilles

Vue d'ensemble. Du côté droit, avec une personne au balcon, l'étude du notaire
Fernand Dassonville (1858-1932). Face à ce balcon à la rambarde en fer forgé,
on remarque le garde-corps en fonte, de type Nestor Martin, de la maison occupée jusqu’à il y a peu par le Dr Jean Simon. Au-delà de la maison Dassonville, on distingue l'arvô (le passage couvert) qui permet de rejoindre la rue de la Teinture par le sentier public numéro 2612. Comme la place du Marché, la rue Saint-Gilles a connu un incendie qui a détruit le 27 octobre 1938 les cinq dernières maisons du côté droit.